Japon

JUSCO-JNSA English Campaign

JUSCO, c’est une « organisation », dépendante des Fonds JNSA (Japan National Student Association), laquelle regroupe des étudiants japonais particulièrement ouverts sur l’étranger. Originellement acronyme de Japan United States Congress, mais renommé en Japan Universal Student Congress, c’est la partie « ouverte sur l’étranger ». Ils organisent des activités de toutes sortes, de barbecues à séances de cérémonie de thé à soirée halloween, avec pour but de faire venir des étudiants étrangers. Je suis l’un de ces étudiants qui participe à quasiment tous. Juste parce que les étudiants de la JNSA sont d’un type spécial très ouvert que j’aime bien, et que c’est fun.

Il y a un truc qu’ils organisent, qui s’apelle English Campaign. Il s’agit là non plus de juste s’amuser entre copains étudiants à la fac, c’est toute une expédition de plusieurs jours dans un collèges de coin paumé du Japon pour faire apprendre l’anglais à des jeunes ados.

J’y étais déjà allé l’année dernière, dans la prefecture de Ehime. Quelques photos au passage, comme je n’avais pas voulu écrire un article.

Je ne m’étalerai pas sur les détails, mais malgré les photos de collégiennes en uniforme qui sourient et les jolies montagnes, ce fut une expérience où les mauvais souvenirs l’emportent sur les bons. Officiellement, je faisais partie du groupe des JNSA, mais j’ai vite compris que j’étais seul. Tous les autres avaient leur rôle, qu’ils avaient pu préparer pendant plusieurs mois à l’avance, alors que moi, l’étranger, je n’étais là que pour faire acte de présence, et encore, de loin. Même si les individus étaient sympas, j’étais clairement exclus.

Je n’avais aucune intention de le refaire, mais 1) voyant une copine se faire embarquer cette année aussi, 2) après moultes discussions avec l’organisatrice (une autre étudiante dans JNSA) pour faire comprendre que je ne voulais pas être *encore plus bas* qu’un pion, et 3) voyant que cette fois il semblait y avoir un semblant de volonté de coopérer, j’ai longtemps hésité, pour finalement décider de profiter du système, sous la forme d’un billet d’avion et quelques jours hébergés à Tokushima. En n’étant pas seul, et cette fois-ci en participant comme les autres, ça devrait aller, pensais-je.

DSC06572DSC07323-3Grâce à mes négociations, il y a donc eu une petite phase de préparation cette fois. La JNSA étant hébergé dans les locaux de la Yomiuri Shinbun, j’ai eu l’occasion d’y aller, et tout motivé à l’idée d’enfin faire quelque chose, constater que mon rôle se résumait à quelques répliques. Et à la deuxième réunion quelques semaines plus tard, réduit à un perroquet. Évidemment, je vois le problème venir gros comme un camion. Mais je m’étais quand même impliqué, il était trop tard pour faire marche arrière, avec d’autres projets à la suite…  ça ne pouvait pas être aussi mal que la première fois, donc j’y suis allé, en craignant le pire, et espérant au mieux que ça ne soit pas qu’une perte de temps.

Day 1


Departure
Departure
Arrival
Arrival

Rendez-vous à 7h30 à l’aéroport de Haneda. Ce qui signifie pour moi qui habite à l’autre bout de Tokyo, de me lever pour prendre le premier express de 5h40. Nous sommes un assez large groupe d’une vingtaine de personnes, et alors que je suis habitué, pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils prennent l’avion. Ou ça fait longtemps. Ce qui est tout à fait normal, et me sert de rappel que la plupart des gens n’ont pas l’occasion de faire énormément d’aller-retour entre la France et le Japon. De mon côté, c’est ma première fois à passer par les portes d’embarquement pour groupes.

Vol Tokyo-Tokushima, arrivée à l’aéroport qui arbore ce qui semble être la seule raison de visiter Tokushima : la danse Awa Odori. Par pure chance, le festival Awaodori, regroupant toute la région pour occuper la ville entière à danser, aura lieu juste dans quelques jours. C’est, semble-t-il, quelque chose à voir. Bus, train, marche, nous arrivons dans l’après-midi.

Pas question de se poser, les affaires sérieuses ne font que commencer. Bref briefing, et c’est le début des activités d’icebreaking, histoire de faire connaissance avec les collégiens. Alors que les JNSAs font leurs discours de présentation, j’ai le temps d’observer la centaine d’élèves. Ils m’observent aussi, certains chuchotent « kakkoi~ »(beau gosse)  entre copines.

Les quelques jeux de de groupes durent un temps, où on sent quand même qu’ils restent timides et hésitants. Dur de briser la glace sous 35°. Heureusement, on s’arrête là pour la journée. Ils rentrent chez eux petit à petit. Seuls quelques-uns restent : les enfants des familles d’accueil qui nous hébergent. Je suis groupé avec 2 autres de JNSA pour ce qui est le groupement le plus nombreux; ma copine aussi placée avec une autre JNSA, les autres en général laissés seuls.

DSC07741 DSC07606En attendant que sa grand-mère vienne nous chercher, nous faisons connaissance avec le petit Sano, 1ère année (équivalent sixième j’imagine). Il est -très- timide. Admettons, à 3 étudiants autour de lui, on est peut-être aussi un peu intimidants. 30 minutes plus tard, nous arrivons et et voyons le reste de la famille. C’est une famille de 5 enfants (dont 2×2 jumeaux). Pour accommoder tout ce monde, ils ont ainsi un véritable manoir à deux bâtiments, et un jardin bien classe au sujet duquel ils parlent avec force dévotion. En tout cas, c’est une maison largement impressionnante pour les standards japonais. Seulement, le petit dernier; et un de ses grands frères lycéen sont les seuls toujours ici, ce qui laisse plein de chambres libres pour nous. Un des JNSA propose qu’on reste tous les 3 dans une chambre, j’opte pour occuper une chambre à côté plutôt que de trop s’entasser. Pour faire un peu mieux connaissance, ils nous emmènent prendre un dîner dans un restaurant assez chic du coin, et un onsen. Sympa~

Day 2


Le matin commence avec un petit déjeuner fait maison, avec les légumes du jardin et la soupe miso concoctée avec la recette spéciale de famille. Un petit déjeuner bien japonais, pour commencer le gros de l’English Campaign.

DSC07619Toute la journée avec les « petits » pour leur faire faire des activités autour de l’anglais, un groupe le matin, un groupe l’après-midi. Total de 3 groupes, pour 3 types d’activités différentes que l’on propose. Je fais partie du groupe A, chargé de l’oral. C’est là que j’ai mon rôle, aussi petit soit-il. Ça se déroule ainsi: l’ensemble du groupe A utilisent les personnages d’une série de livres/films assez culte au japon, Kin-chan, Momo-chan, Ura-chan et Oni-chan. Kin-chan veut confesser son amour à Ura-chan, qui ne parle pas un mot de Japonais. Au fur et à mesure des événements, on implante quelques jeux. D’abord, il apprend à écouter, ce qui est l’occasion de faire un jeu de questions-réponses. Puis à prononcer les quelques sons bizarres de l’anglais qu’il n’y a pas en japonais (r et v) avec quelques petits tongue twisters. Tout y est scripté, et je ne suis là que pour répéter des mots lors de la présentation des exercice (avec mon formidable accent Français qui passe pour du British), ou vérifier comme tout le monde la bonne prononciation (avec uniquement le droit de dire que c’est bien). DSC07626Le plus intéressant est sur la fin ; pour « parler », ils jouent une petite pièce de théâtre inspirée de Blanche-neige et les 7 nains. Là, c’est un peu plus libre, on peut faire attention aux élèves un peu plus personnellement, remarquer les points où ils ont du mal, les aider à prononcer des mots difficiles ou les motiver à insuffler un peu de vie à leurs répliques. C’est le moment où je peux aller directement vers eux, et certains viennent me chercher poser des questions. Je peux servir à quelque chose là. C’est surtout cool de les voir présenter leur petit truc devant tout le monde après les avoir coaché.

Nous n’avons qu’une pause à midi, ensemble avec les collégiens à toujours jouer le rôle de quelqu’un super dynamique et ouvert, extraverti. Ce qui n’est pas reposant, et laisse peu de temps pour discuter entre copains. Boulot, boulot. On retrouve la famille d’accueil à la fin de la journée, et après un peu de temps à se relaxer en mode zombie dans nos chambres, ils nous emmènent au Awaodori Kaikan. Tokushima n’a vraiment que ça comme attraction touristique, donc quand c’est pas les 3 jours du festival, ils y font des démonstrations de la danse Awaodori là le reste de l’année.

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Awa Odori extract
Pour pimenter le spectacle, ils font participer l’audience pour une leçon de danse. Avec un prix pour les meilleurs danseurs. Les mouvements de base, avec les bras constamment levés et les mains tendues, font penser à une version de Kung-fu. Le jeu de jambes n’a pas grand-chose pour éliminer le sentiment qu’il s’agit d’une danse à la base agressive. Et les voir aligner des saltos en tenant des lampions comme des katanas… Bref, un peu poussé par les JNSA autour (plusieurs familles d’accueil s’étaient visiblement fait passer le mot pour se rassembler là), j’ai pu danser. Alors que je tourne avec tout le monde, une des danseuse me passe une couronne de fleurs autour du cou. Félicitations, je suis le grand champion de la soirée. DSC07704Loin de me faire d’illusions sur la qualité de ma danse, je sais qu’il s’agit là d’un privilège pour le seul étranger de la salle (ce qui d’ailleurs, est faux, j’avais pu entendre un couple parler Thai. Mais ça se remarque pas aussi facilement, j’imagine). S’attendant à un gaijin typique qui parle trois mots de japonais, le maître de cérémonie tente de me parler avec son anglais basique. Il serait bienvenu dans notre English Campaign. Il me donne le micro pour que je me présente, c’est alors que je peux faire mon speech dans un keigo bien soutenu, qui l’a visiblement décoiffé. J’aime casser ces stéréotypes.

DSC07706 DSC07715Une fois rentré, le petit qui commence à nous connaître au bout de deux jours se montre légèrement moins timide, il nous rejoint dans la chambre pour discuter. Comme on avait des cartes, on en vient à faire des parties de président, jusqu’à trop tard pour qu’il puisse continuer. On fait un super-tournament entre JNSA, et les deux autres finissent par lâcher aussi. Bien que tout autant crevé, il reste une chose que je voulais voir. Nous sommes la nuit des étoiles, et le ciel de la campagne, dépourvu de pollution lumineuse, s’avère être idéal pour observer les étoiles filantes. Ça fait du bien d’être loin de Tokyo. Je n’y reste même pas 20 minutes, mais c’est suffisant pour en voir passer 5 ou 6. Lucky~

Day 3


Le troisième jour commence comme le précédent. Petit déjeuner, et reprise des mêmes activités avec le 3ème groupe le matin. Le dernier groupe. Après avoir répété la même chose plusieurs fois la veille, on est tous habitué et devenus plus efficaces. Les enfants aussi sont plus réceptifs, et on arrive à finir le tout un peu plus tôt que prévu. Dernier repas avec tout le monde, le bento fourni aux JNSA est bien garni, les enfants ont de quoi nous jalouser.

Les activités continuent sur l’après-midi avec une sorte de révisions de tout ce qui a été fait pendant la Campaign, l’engouement avec lequel ils participent aux derniers jeux contraste radicalement avec les premiers contacts. Mais ça ne dure pas, et il nous faut partir. Beaucoup restent nous dirent au revoir jusqu’à l’entrée du collège, certains sont super excités, quelques larmes coulent des deux côtés. Je reste stoïque, mais… j’admets qu’ils sont toujours craquants, ces gamins japonais. On ne s’en lasse pas.

DSC07784-85Pour la suite, on prend le bus. Le genre de bus de campagne qui prend 3 personnes dans la journée, choqué de voir tout notre groupe monter d’un coup. On va jusqu’au terminus, prend un autre bus, jusqu’au terminus, et on arrive dans un coin vraiment paumé, au bord d’un lac. C’est là qu’on a réservé un ryokan pour la nuit, avec un banquet de rois qui nous attend. Le cadre est fantastique, la nourriture, provenant du lac juste à côté, est succulente en plus qu’abondante.

DSC07841DSC07789C’est la fin de l’English Campaign, et le repas est le moment de remercier chacun de sa participation, de tous ses efforts dans l’aventure. Pour les JNSA, c’est l’aboutissement de plusieurs mois de préparation. L’organisatrice remercie les leader de chaque groupe, et chaque membre, des JNSA arrivés cette année aux JNSA qui sont sur leur dernière année. Elle laisse chacun faire un petit discours/compte-rendu de leur expérience, et un petit cadeau en rapport au groupe dans lequel ils étaient. Tous, sauf les 2 étudiants étrangers. Pas le moindre remerciement, ni même la moindre mention de notre existence, dans toute la soirée, qui s’est prolongée longuement, longuement…  Je pars prendre des photos. Le ciel est encore plus clair, et les étoiles continuent jusqu’à l’horizon, dont la vue n’est bloquée que par les montagnes environnantes.

Day 4


J’ai bien bu et mangé, mais maintenant, il faut rentrer, et cette partie du voyage n’est pas inclue par JNSA.

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