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New start: Worklife.

On pourra dire qu’il m’a fallu du temps, mais j’ai trouvé un job. Je ne suis plus étudiant ou NEET, mais programmeur.

Et le temps, j’ai dû apprendre à le gérer.

Déjà, comme mon visa ne le permet pas, je ne suis pas à temps plein. On va régler ça, mais pour le moment je suis en contrat de petit boulot. Ce qui fait que je suis payé à l’heure (et au lance-pierre). Le compte des heures passées au travail fait réfléchir à comment faire une utilisation efficace du reste. J’ai eu du mal à trouver une balance qui marche, partagée entre vie privée (amis, famille, rencards), et vie perso (sommeil, divertissement, santé, et études). Je galère toujours, mais j’ai compris que c’est une galère qui sera désormais perpétuelle.

Pour ce qui est de la vie professionnelle au Japon, c’est quelque chose dont on entend plein d’histoires à faire peur. Beaucoup sont vraies. En particulier celles qui disent que les heures de travail sont folles. Il y a quelques mois, un employé de Dentsu s’était suicidé après avoir fait plus de 300 heures supplémentaires dans le mois, ce qui a alimenté tout un débat et poussé le président Abe à proposer de limiter les heures sup à 100 heures par mois. 100 heures sup, ça veut déjà dire que tu bosses de 9h à 19h tous les jours, ou 22h si tu veux des week-ends. À 300 heures, ça fait de 7h45 à 23h (sans week-ends). Le sommeil est une denrée vitale.

Je ne suis pas rentré de la manière typique japonaise (et Avril, avec toutes les cérémonies à l’avance). Je suis rentré en mi-mai, mais après avoir vu pendant quelques semaines que j’étais sérieux, j’ai pu rejoindre en cours la formation pour nouvelles recrues. C’est un programme de formation qui regroupe une vingtaine d’ « étudiants » venus de plusieurs boites. Avec 2 mois de cours de programmation manqués, et un environnement 100% japonais, j’arrive avec quelques handicaps. Et leur programme académique ne prévoyait pas vraiment de nouveaux cours, on passe direct à créer des sites web. En gros, après 2 derniers cours et exercices, on a eu une dizaine de jours pour un projet individuel libre, et les 2 dernières semaines pour un projet en groupe.

En projet libre, je fais le premier site de ma vie, et il était beau. Simple, certes, et sûrement optimisable, mais il faisait ce que je voulais. Et surtout bien plus ambitieux que ce que les autres ont fait. Alors que la plupart ont une structure très limitée et finissent leur projet avec 2 fonctionnalités, j’ai la structure pour un réseau social qui mélange 4chan et Instagram. Création/Suppression de comptes perso, gestion de comptes autorisés, post avec upload d’image, commentaires affiliés, et affichage différencié selon l’utilisateur et les paramètres de publication. Pour faire ça en une semaine en tant que débutant, il m’a fallu quelques heures sup. 9-20, j’ai sacrifié un samedi, et je continuais à coder quand même de retour chez moi. Je suis bien assimilé à la culture japonaise. J’étais content quand je l’ai fini. Mais après, le travail de groupe est arrivé, et j’ai voulu être au moins tout aussi ambitieux, et les autres aussi. Résultat, on a passé tout le reste du mois à manquer sérieusement de sommeil. Mais on n’a pas réussi à le finir à temps. La formation se termine donc avec un goût amer. Ou alors c’était juste la bière.

Après la formation, je suis donc revenu au bureau. Pour une journée, avant de partir avec 2 supérieurs pour un voyage d’affaire de 3 jours dans la région de Aizu. Pourquoi ? Réponse pro 1 : pour voir des clients. Réponse pro 2 : pour me former à voir des clients. Réponse 3 : parce que c’est fun et que tant de nature, ça fait du bien.

Et donc j’ai vu des clients, et de la nature. Aizu est déjà un coin paumé, mais en plus, j’étais hébergé chez la famille de mon supérieur, loin dans les montagnes. Alors que les 2 autres passent quand même leur temps à vérifier leur mails et appels pour gérer des problèmes ailleurs, je peux profiter du calme de la campagne japonaise. Au point de sentir un pincement au cœur en revoyant Tokyo, avec ses lumières, réseaux de trains qui croise des autoroutes suspendues entre grattes-ciels,  foule de piétons et annonceurs devant les magasins.

Puis ce qui ressemble plus à du travail commence: rapports, documents à remplir, mails, planification de projet, et un peu de programmation dans tout ça. Tout est en japonais, évidemment, donc je suis quand même assez lent. C’est pas grave, les attentes sont faibles envers quelqu’un qui vient de commencer. La charge de travail augmentera au fur et à mesure que je serai plus efficace. Je veux que ça arrive vite.

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