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Inde

Introduction

DSC00787Nous sommes en mai 2016. Je suis dans un café perdu dans des petites rues de Tokyo avec Asahi, une copine japonaise. Deux quadragénaires nous regardent du coin de l’oeil de l’autre bout de la pièce alors que nous discutons de cultures. « Je pense que l’Inde est un pays qui me fascine ; depuis que je suis gamine, je n’ai pas arrêté de lire des livres pour essayer d’en apprendre plus » dit-elle. Cette fille, qui est déjà très ouverte sur le monde, a déjà trouvé son pays favori, loin des classiques occidentaux. S’ensuit une longue discussion sur tous les inconnus qui tournent autour du second pays le plus peuplé au monde et sa, ou plutôt ses cultures. Le lendemain du Noël de la même année, Gopu essaye en vain de masquer son sourire derrière ses cheveux longs, après avoir confessé être descendant d’une caste de royauté. Malgré le calvaire qu’il a pu y vivre, il décrit des déserts et temples sur mers et montagnes, d’une histoire ancienne comme l’humanité avec un enthousiasme et une fierté intense. Décembre 2017: ma meilleure amie, Kyohee est mutée à Chennai, ville au sud de l’Inde. Ce qui fut évidemment le facteur décisif pour me pousser à y aller, aussi tôt que possible, tant qu’elle y est (*hint*).

Préparation

Okay, je décide d’aller en Inde, mais c’est grand et il y a plein de choses à voir. On prévoit d’abord une excursion vers le Kashmir, pour 2 raisons : venant tous les deux d’un master en relations internationales où l’on avait étudié la situation géopolitique de la région, il est assez intéressant de voir comment ça marche sur le terrain. Et, bien que c’est l’Inde, c’est aussi l’Himalaya. Un truc à mettre en bucket list. J’ai passé l’essentiel de mon temps libre du mois d’Avril à essayer de planifier tout ça, rechercher ce qu’il y avait à voir, faire, vivre, comment y aller, et faire en sorte que ce soit un planning humainement faisable. Puis, quand on s’est mis à vraiment réserver les billets 2 semaines avant, ils avaient doublé de prix. Et puis les Himalaya, même si on va pas faire des trucs extrêmes, j’ai pu aussi comprendre qu’il faut quand même un minimum d’équipement pour s’adapter au climat (genre, un pull), qui n’est absolument pas nécessaire dans la canicule de 40 degrés du sud de l’Inde. Pour faciliter les sacs et portefeuilles, on décide sur une boucle Dehli-Agra-Jaipur. Tout ce que j’avais cherché sur le Kashmir part en plan. De toute manière, je commence par la rejoindre à Chennai.

Conduite

Il est minuit, j’arrive tout juste depuis un transfert à Dehli, c’est à peu près la première chose que je vois une fois sorti du monde aseptisé et internationalisé des aéroports. Ma copine avait réservé un chauffeur pour m’amener à l’hôtel. 20180430172351-2Plus pratique, mais aussi plus sûr, il vaut mieux pas trop traîner dehors le soir. Hah. Je vois rapidement que la sécurité est quelque chose de très relatif, une fois que le chauffeur slalome entre camions et scooters, à grands coups de klaxons et appels de phares, sans quitter ses 100km/h. La route est défoncée et parsemée de barricades en plein milieu pour faire ralentir, il prend ces obstacles comme un challenge de conduite de précision. Bienvenue. Il y a plusieurs voies, avec des lignes dessinées sur la route, mais je me demande à quoi elles peuvent bien servir. Les gens doublent des deux côtés et conduisent en plein milieu. Ils ne s’arrangent jamais en file, ils se faufilent là où ça les arrange.  Les routes indiennes ressemblent plus à un jeu de Tetris en mouvement.
_DSC5796Mais en plus de cette folie ambiante derrière les volants, (et guidons, vu la proportion de motos, mobylettes et pousse-pousses) vient un autre skill vital que je n’aurais jamais pu imaginer. Savoir traverser la rue. Je n’ai pas vu beaucoup de passages piétons. Si tu veux passer de l’autre côté de la route… bah il faut passer à travers toutes ces voitures. Elles ne s’arrêteront pas. Ton seul espoir est d’attendre un moment où le trafic laisse un peu de place. Non pas pour avoir le temps de traverser, c’est peine perdue. Juste assez pour que les voitures/motos les plus proches aient le temps de te voir et te considérer comme un autre obstacle de slalom pendant que tu marches au milieu de tout ce chaos, et qu’elles te dépassent de chaque côté. BALLS OF STEEL.
Dans Chennai, l’essentiel des déplacements que l’on a fait ont été via Uber, ou Ola. Ces apps, (toujours pas disponibles au Japon !), semblent changer la vie de ces conducteurs, et beaucoup de déplacements urbains. Il y a énormément de conducteurs qui affichent les stickers des apps qu’ils utilisent, et vu la vitesse à laquelle ils prennent la course suivante, la concurrence doit être rude. Contrairement aux rickshaws, le tarif est fixe, ce qui évite toutes surprises et négociations. Ceci dit, ils essayent souvent d’extirper un bonus avec les étrangers en faisant payer pour des péages routiers qui sont déjà inclus. _DSC5226Les rickshaws, avec leurs petits véhicules jaune et rouges sont négociables et souvent moins cher (quoique), et encore plus abondants. Il semble que les locaux s’en servent assez régulièrement visiblement pour des petits trajets. Ils sont en effet pratique pour naviguer rapidement dans un coin où on connait pas trop le chemin. Dernière note, tout le monde conduit en sous-régime, évidemment pour économiser sur l’essence.

Monnaie

_DSC4673L’Inde est un pays en transition économique majeure. L’année dernière, le gouvernement a fait un pas énorme pour éliminer les contrefaçons, et guider vers la croissance de banques et d’une société sans (ou avec moins) de cash, en supprimant tous les billets de 5 000. 5 000 roupies, ça fait 65 euros, et c’était peu utilisé. Du coup, les 50 000 yens que j’ai pu échanger ont été divisés en une quinzaine de billets de 2 000 roupies.  J’étais surpris de voir plein de petits billets au bureau de change, mais ces billets de 2 000 que j’ai eu, c’est déjà des grosses coupures. Alors qu’au Japon, il n’y a aucun problème à avoir du change sur un billet de 10 000 yens (75€), demander ça pour un billet de 2 000 roupies (25€) est une galère. Ils n’ont tout simplement pas de quoi. J’ai essayé de payer un restaurant avec ça, le gars a dû courir demander du change dans un magasin du coin. Beaucoup de transactions se font sur la base de quelques dizaines de roupies, et lâcher un billet de 500, c’est déjà une gamme élevée. En parlant de monnaie, il faut aussi faire gaffe au change que tu peux recevoir. Plus gênant que les contrefaçons, j’ai reçu des pièces en yuan, et m’en suis rendu compte que trop tard. Les billets sont parfois écrits dessus, ou partiellement déchirés (incroyable au Japon), et peuvent se voir refuser. Alors tu deviens parano et tu te mets à vraiment vérifier si le compte y est et si ce sont vraiment des billets. Pour faire mal à la tête en plus, il y a 2 design de pièces de 5, et 10 roupies peuvent être aussi bien en pièces qu’en billet.

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Et vue sur le Taj Mahal.

De l’autre côté, ma copine a un certain goût du luxe lorsqu’elle voyage. La boucle Dehli-Agra-Jaipur s’est faite avec un chauffeur privé pour les 3 jours. Et sans oublier l’hôtel 5 étoiles avec piscine infinity sur le toit. Mes conditions de vie étaient certainement largement supérieures à celle des locaux (y compris le chauffeur). Le tout pour une somme au final assez dérisoire comparé à ce que ça aurait coûté dans un pays développé, mais néanmoins une partie majeure du budget.

Nourriture

_DSC5071Avant de partir, j’ai pu entendre énormément d’histoires de conditions d’hygiènes insalubres, et d’intoxications alimentaires. Je faisais surtout attention à la sécurité alimentaire, histoire d’éviter d’avoir à passer mon court séjour dans les toilettes. Du coup, je n’ai pas osé tenter le moindre stand de rue, à la place, quasi-exclusivement des restaurants avec reviews (et il y en a plein avec des reviews négatives).

_DSC5709Mais la nourriture indienne est riche. On parle beaucoup du curry, et c’est vrai qu’il y a énormément de types de currys. Au poulet, bison, mouton, ou végétariens. Note: le végétarisme en Inde est très fréquent, pour des raisons religieuse. Pour chaque plat avec une viande, j’ai pu voir 10 versions végétariennes. En plus des curry, dont j’ai particulièrement apprécié une version au beurre et poulet à Dehli, je suis aussi tombé amoureux du Masala Chai, et des Parotta. Je trépignais de goûter à un Dohsa, dont j’en avais entendu des merveilles, et me suis rué dessus dès que j’en ai vu à l’aéroport, sans regret. Mais je suis aussi resté sur ma faim dans de nombreux cas, où c’était juste… pas très bon. Un peu sec. Un peu grillé. Un peu trop farineux. Pas très frais. La disponibilité d’ingrédients de qualité n’est pas un luxe si évident. À ce niveau là, ça fait une différence sur la cuisine.

_DSC4937_DSC4668Il faut aussi manger avec les doigts. Parfois, il n’y a même pas de couverts fournis. C’est -aussi paradoxal que ça puisse paraître- un acte motivé par des questions d’hygiène. Et de manque de confiance en la capacité des restaurants à fournir des couverts propres. Au moins, nos propres mains, on sait quand on les a lavé (si non, il y a des toilettes équipées de lavabo). N’oublions pas de noter là la coutume de manger avec uniquement la main droite, parce que la gauche est faite pour les toilettes (ce qui implique qu’il faut aussi faire gaffe à ne pas utiliser sa main droite là). Un autre problème que manger avec les doigts pose, c’est que les repas sont servis chauds. C’est surprenant de voir la dextérité avec laquelle les Indiens peuvent découper un bout de poulet fumant et l’enrober dans un bout de naan. Un bon moyen de te dire « tu ne sais même pas manger avec tes doigts, barbare », alors que tu te suces le pouce parce que tu t’es brûlé.

Animaux

_DSC4889L’Inde se fait aussi remarquer pour sa culture qui porte un respect profond aux vaches, qu’ils laissent se balader en toute liberté dans les rues. Ce ne sont pas des conneries, il y a des vaches un peu partout. Sur les trottoirs, sur les routes, même si elles bloquent la circulation (ou plutôt, forcent la circulation à faire un détour). Elles ne sont pas domestiquées, mais j’aurais du mal à dire qu’elles sont sauvages pour autant. _DSC4884Les vaches ne semblent pas adaptées à un environnement urbain. Malgré les nids de poule, les routes sont goudronnées. C’est dur de brouter sur du goudron. Même si elles ne s’en privent pas, je doute que les terres-plein ne leur suffise. Il semblerait qu’elles se nourrissent des invendus des marchands de légumes, ou peut-être de divers dons par les résidents. Je ne peux que faire le constat qu’elles sont relativement maigres, ce qui me pousse à me demander quelle est leur alimentation.

_DSC4869D’autres animaux sont plus adaptés à la jungle de tarmac; c’est le cas notamment des chiens parias. Les rues grouillent de ces chiens errants, qui peuvent parfois traîner en meute, à la recherche de restes de nourriture à croquer. Ils passent leur temps à moitié mort, allongés sur le côté pour essayer de trouver un peu de frais sous la température ardente. 20180430203515Mais s’ils se mettent à bouger, tout le monde va préférer garder ses distances et ne pas mettre à l’épreuve les suspicions sur leur contamination par la rage.

L’espace urbain peut aussi être occupé par des chèvres, des chameaux, des écureuils, des éléphants à Jaipur, ou des cafards évidemment.  Il y a aussi des hordes de pigeons sur les trottoirs, ou quelques singes perchés sur les toits. Une fois sorti des villes, sur le bords des autoroutes, je crois avoir vu des gazelles. Je n’aurais pas été si surpris de voir un tigre du Bengale lui courir après.

 Architecture

L’Inde est un pays avec une diversité indéniable. C’est un miracle qu’ils arrivent à  garder un sens d’unité entre toutes les régions, qui ont chacun leur langues, avec des religions différentes, des architectures différentes, des styles de vie différents, des couleurs de peau différentes, des terrains et des climats différents. Mais il y a une véritable unité, qui n’est pas synonyme d’uniformité. Comme beaucoup des sites que j’ai pu voir étaient des lieux de culte, je vais me permettre une légère classification par religion, mais les influences d’un style se retrouvent dans d’autres.

Islam

La communauté musulmane est large en Inde. Il ont beau avoir séparé les régions où il n’y a que des musulmans hors d’Inde en reprenant leur indépendance en 1947 (Pakistan et Bangladesh), il y a énormément de poches dans le pays qui cohabitent, voire dominent la sphère religieuse. Une bonne part des personnes que j’ai pu voir à Jaipur étaient voilées. Delhi est l’hôte de la plus grande mosquée en Inde, le Jama Masjid. Et ils sont aussi à Chennai. On peut parfois y remarquer quelques accents de rouge par-ci par-là.

Hindouisme

L’hindouisme est séparé du bouddhisme. Mais le bouddhisme fait partie de l’hindouisme. Sur le point de vue hindou, toutes les religions font partie de l’hindouisme, et les différents prophètes et dieux et apôtres ne sont que des apparitions différentes du même dieu, Brahma, au même titre que ses apparitions en tant que Vishnou ou Shiva ou Ganesh ou whatever. Le panthéon hindou est peuplé d’un millier de différents dieux. Je comprends pas trop.

Étant la religion la plus vieille du monde,  il y a des temples qui sont très visiblement antiques. Beaucoup ont sûrement été détruits, d’autres ont été reconstruits, comme si ordonné par Shiva, divinité de la destruction. Je dois admettre que c’est mon préféré. Shiva, la destructrice. Avec ses 4 bras, elle représente le néant, son œuvre préférée. Shiva incarne la terreur, c’est aussi un tueur de démons. En insistant tant sur ses tendances à ne pas laisser les choses intactes, il serait facile de classifier ce Dieu comme « mal », mais il n’en est rien. Elle fait partie de la trinité: Brahma le créateur, Vishnou le conservateur, et Shiva le destructeur. Son existence est nécessaire, cruciale pour une balance dans le monde. Shiva laisse la place libre pour de nouvelles choses, pour se débarrasser de l’inutile, pour rester sur ses aguets. C’est l’imprévisible qui énergise, le coup qui te met à terre ou le cataclysme qui te rappelle ce qui est vraiment important. J’aime le concept de Shiva. Mais notons que je suis inculte et qu’il est très probable que je me trompe sur sa raison d’être. Il parait qu’elle apparaît aussi en tant que dieu de la danse. C’est un peu moins mon truc. Et je ne suis même pas sûr de son genre.

Bouddhisme

_DSC4801Bouddha était un prince, qui avait passé son enfance dans un palais, sans vraiment sortir de cette bulle. Il vivait bien, mais était ignorant du monde extérieur. Puis il a fugué, vu la misère derrière les portes. Plutôt que de revenir chez lui, il a réfléchi à la signification de la vie, du monde, de la civilisation humaine et de l’espace et de notre place dans l’univers, jusqu’à voir une lumière blanche. Il avait atteint le nirvana; et par là, atteint le statut de divinité. Il passa le reste de sa vie à transmettre son message sa philosophie, jusqu’à mourir, comme s’il prenait sa sieste.

Catholicisme

Il y a aussi des églises catholiques en Inde, notamment illustré par la cathédrale St Thomas à  Chennai. Seules 3 cathédrales au monde sont bâties sur la tombe d’un des 12 apôtre du Christ. La Cathédrale Saint Pierre au Vatican, la cathédrale Saint Jacques de Compostelle en Espagne, et celle de Saint Thomas en Inde, dans ce trou paumé de Chennai, qui, admettons-le, n’a pas vraiment la même stature.

Pouvoir

_DSC5348-49Bien plus réaliste que toute mythologie, la domination et l’accumulation de richesses a, comme partout dans le monde, mené à la création des plus spectaculaires merveilles. C’est le cas entre autres du Taj Mahal. Le seigneur d’Agra (du nom de Shah Jahan), à la suite du tragique décès de sa femme, commanda la construction du plus beau tombeau jamais construit, en son honneur, à vue directe depuis son palais. La construction pris 20 ans, et réquisitionna plus de 20 000 ouvriers. _DSC5465Le mausolée, tout en blanc, construit au bord de la rivière Yamuna, aurait dû être suivi par une version en noir de l’autre côté de la rivière pour être relié par un pont, pour sa propre tombe. Seulement il fut saisi par un coup d’état par son fils, peu après que le Taj Mahal soit fini, et n’a jamais pu finir sa version. Il fut condamné à finir ses jours à regarder la tombe de sa femme bien-aimée depuis une cellule de son palais.

Son architecture prend des inspirations traditionnelles indiennes, mais aussi perses et islamiques. Sa femme était musulmane, la moitié Est du complexe du Taj Mahal est d’ailleurs dédiée à une mosquée.

Le Taj Mahal, tout de marbre bâti et incrusté de pierres précieuses, est ainsi devenu en soi le joyau le plus éclatant, et tragique en honneur à l’amour.

En dehors de 7 merveilles du monde, il y a d’autres palais, plus cachés dans les montagnes, comme le Fort d’Amer à Jaipur. Loin d’être une allégorie à l’amour, c’est une forteresse placée stratégiquement, à la gloire des succès des successives dynasties qui s’en sont emparées. Mais une fois passée les murailles, on arrive sur une cour subtilement raffinée par des siècles de respect et d’attention profonde au moindre détail, jusqu’à une cascade implantée pour générer des mouvements d’air frais afin de réguler la température. Du haut l’on peut admirer la vue vers la vallée en contrebas.

Climat

_DSC5781Je le savais avant, il fait chaud. J’ai pris que des affaires légères, et mes fringues japonaises étaient déjà trop épaisses. J’ai fini par acheter un pantalon style sultan, bien plus adapté à l’environnement. J’aurais dû le faire un peu avant le dernier jour, quand même. Je me suis pris des coups de soleil qui s’empilaient les uns sur les autres.

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Bahai Lotus Temple (Dehli)

Je le savais pas, mais il y a aussi des tempêtes de sable. J’étais parti solo voir un temple bahai en bordure de Dehli via le métro local. Mis à part les indications écrites uniquement en sanskrit et les machines à tickets qui n’acceptent pas l’argent, ce fut une expérience assez plaisante. C’est en sortant de la station que je vois le ciel transformé en toile d’un ocre uni. Ignorant, je reste focalisé sur ma destination et négocie un rickshaw pour faire le reste du chemin. À travers les vitres -haha, non, c’est à l’air libre- je peux sentir un souffle, trop chaud pour rafraîchir l’air de sa lourdeur. En l’espace des quelques minutes qu’il faut à mon chauffeur pour arriver, des rafales sifflaient, transportant avec elles des poussières du désert au sud, qui s’infiltrent dans les cheveux et collent à la peau, forçant les oiseaux à terre, faisant trembler les arbres et menaçant de casser des branches.

20180502200619-2Et si ça suffisait pas, les tempêtes sont suivies d’orages à donner envie de chercher refuge dans le premier coin venu. Les régions que j’ai pu visiter ont beau être d’un climat essentiellement sec, quand le ciel lâchent les vannes, c’est un déluge qui se déverse. En regardant les news le lendemain, j’ai pu voir que la tempête avait fait au moins une vingtaine de victimes, qui vivaient probablement dans des conditions si insalubres qu’il suffit de peu pour que leur toit s’écroule.

People

20180502211100Ceci dit, ça n’est pas aussi dérangeant quand on est à proximité de l’un des bars branchés de New Dehli, qui organise un live pour la soirée. Cette soirée fut un exemple d’à quel point les indiens adorent danser et chanter. Ils connaissent les paroles de toutes les chansons, qu’ils chantent à s’en casser la voix. Ils dansent même si il n’y a pas vraiment d’espace pour ça. Ils boivent en oubliant de prendre soin de leur foie.

Les gens viennent assez souvent nous accoster pour demander de prendre un selfie ensemble, ou juste en voyant que j’ai un appareil photo, demandent à être pris. De nombreux chauffeurs nous guident et nous donnent des astuces. Il suffit de demander, et des inconnus peuvent répondre au téléphone à notre place en Hindi. Dans des longues queues, des gardes peuvent nous dire de juste zapper et passer à côté. À défaut d’être respectueux, vu comment ils peuvent nous aborder en nous criant après ou nous suivre, ils sont très chaleureux.

Et se laissent facilement prendre en photo. Tout du moins les gars.

N’ayant passé qu’une semaine, je ne pourrai certainement pas prétendre connaître la culture, ou le pays. J’ai pu au contraire ressentir toute la profondeur de mon ignorance. Je voudrai probablement y retourner si la chance se présente. Lors de mes recherches préliminaires, j’ai pu voir quelques conseils comme quoi si l’on nous demandait, il valait mieux dire que ça faisait plusieurs fois qu’on venait en Inde. Certes, ça peut éviter des arnaques. Mais plutôt qu’un truc de street smart à prétendre savoir comment les choses marchent, si j’y retourne, ce serait en sachant que, vraiment, il est impossible de savoir comment les choses marchent dans ce lieu où le chaos et l’imprévu sont rois. Au moins, je peux comprendre pourquoi Asahi se plonge dans ses bouquins.

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