Japon

They work on sundays.

Tu sais qu’une bonne journée commence quand on vient frapper à ta porte par une belle matinée de dimanche. Tu sais ce que c’est, et tu l’attends depuis déjà la durée impossible de deux jours. Oui, il est déjà là. Un dimanche.

Tout commence par un meurtre cruel et sans pitié, par une sœur sans cœur, qui, par pur- ouais, bon okay.   Tout commence sur Amazon. Mais pas n’importe-lequel : Amazon.co.jp. Ça fait beaucoup de japonais affiché d’un coup, mais un ami apparait quand même « Display this page in English ». Super, le niveau facile ! Tu commences donc à passer commande, sur ton objet désiré, après plusieurs mois de réflexion et de recherche, puis vient le moment où il faut inscrire ton adresse, tout en japonais, pour te le faire envoyer. Ça encore, ça va, après toutes les procédures qu’il a fallu faire à l’arrivée, je sais au moins l’écrire. Le problème vient quand il refuse ton adresse, si soigneusement tapée et relue. Tu sais qu’elle est correcte, mais Amazon n’en veut pas, il te souligne juste bêtement toute la ligne de l’adresse pour la corriger. Tu regardes donc, curieux, une autre option: le faire envoyer à un conbini.

Screenshot-125-2
Hourray! « Thank you, your order has been confirmed »

 

Ouais, ces conbini, où tu peux acheter un peu de tout et n’importe quoi, à n’importe quelle heure, implantés presque n’importe où, ben, ils peuvent aussi prendre tes colis pour que tu viennes les chercher. C’est cool, mais je préfèrerais l’avoir directement chez moi quand même. Passage en japonais: miracle, là ils ont pensé à expliquer pourquoi l’adresse était refusée; limite de 15 caractères, il fallait donc mettre mes 4 derniers (qui sont pour le bâtiment et numéro de chambre au Kaikan) sur la seconde ligne présentée. L’étape suivante, le payement, qui se fait finalement en euro pour acheter le graal en 円(yen), conversion faite avec un taux qui me fait perdre dix euros par rapport à la valeur de la monnaie sur les marchés en ce moment. Les juifs. Mais bon, la commande passe enfin sans plus de problème.

Et donc, en ce jour béni et chômé en France, alors que les français sont occupés à dormir, et même avec une heure en plus de l’habitude pour cause de changement d’heure, le facteur tambourine à ma porte. Crier un « ちょっとお待ちください » (Je vous serai reconnaissant si votre excellence pourrait m’accorder de patienter quelques instants devant mon palier, mon arrivée est imminente) à travers l’entrée pendant que j’enfile un T-shirt (merde, il a fallu que le premier sous la main porte en gros l’inscription « Non, Non, Pas moi… Bon d’accord » que j’avais ramené, heureux que personne ne comprenne le français ici). Il me demande donc confirmation que le nom sur le paquet et bien le mien (oui, c’est le cas), et une signature sur l’emplacement pour 印鑑(inkan). C’est quoi un inkan ? En voilà une très bonne question: il s’agit de tampons, avec ton nom. Comme beaucoup de japs ont des noms similaires utilisant les mêmes kanji, ça s’achète dans pas mal de magasins, dans des calligraphies différentes, ou pour ceux qui veulent vraiment se la péter, en sur-mesure. Et voilà, un vrai japonais aurait son inkan sur soi pour tamponner cette occasion précise. Mais moi, en vilain étranger j’en ai pas acheté, et mon nom a même pas de kanjis de toute façon, donc je fais des signatures, des espèces de gribouillis tout sales qui se ressemblent jamais vraiment et que tous les enfants essayent de copier à l’école.

Et voilà enfin le colis devant moi. L’excitation fait trembler jusqu’aux murs du bâtiment.

Enlever frénétiquement le carton et autre papiers, aah, ce sentiment qu’on n’a qu’avec ce genre de commandes préparées depuis longtemps…

Ouii ! Hein, pourquoi y’a du français ? Apparemment ce casque d’une entreprise autrichienne, fabriqué en chine, vendu par un grossiste japonais, se doit de mettre du français. Comme ils veulent.

I think I’m ready for Halloween too.

Et me voilà ainsi l’heureux possesseur d’un casque qui semble encore plus gros que celui précédemment ravagé dans de tragiques circonstances. Il me reste à faire en sorte que ce ne se reproduise plus, tout en appréciant un son de qualité, dans un casque qui cette fois est aussi beau que le son qu’il en sort. Bien que les photos ne lui rendent peut-être pas autant grâce qu’il le mérite. J’ai donc pu profiter de cette belle journée de dimanche à écouter le dernier album de Asian Kung-Fu Generation (Landmark, décevant au passage.) en me promenant histoire de tester son insonorisation, qui me promet un peu de paix par rapport aux avions. La tête que ça me fait par contre, ça en choquera surement quelques-uns à Kyudai, rares sont ceux qui mettent des casques audios, surtout de… cette taille. En japonais, on dit 目立つ (medatsu, littéralement, se dresser devant les yeux). Oh well. Je me fais déjà repérer avec mes gants bleus fluo et ma tête d’occidental, je suis plus à ça près.

 

Leave a Reply

Your email address will not be published.